Le Trésor d’Autheuil

Au printemps 1975, le service des Monuments historiques entreprenait des travaux à l’église classée d’Autheuil en vue de dégager et de restaurer les arcatures romanes du chœur, découvertes par des sondages dans les maçonneries effectuées à la demande de la Société Française d’Archéologie, lors de son Congrès de l’Orne en 1953.

Pour le dégagement des arcades, il fallait déplacer le maître-autel en pierre, de forme tombeau, apparemment du XVIIe siècle. En fait, il subsistait une partie de la table d’autel du XVe siècle dans le soubassement maçonné. C’est en effectuant cette démolition que M. Driaut, chef de chantier de l’Entreprise Lefèvre, découvrit un petit lot de pièces de monnaies d’argent.

Ce « trésor » est constitué de 18 pièces d’argent, pour l’essentiel des florettes. Il fut déclaré à M. Michel de Boüard, directeur des Antiquités historiques de Normandie, qui confia à Mlle Jacqueline Lemière, numismate attachée au Centre de recherches archéologiques médiévales de l’Université de Caen, le soin d’identifier ces monnaies.

Ces pièces de monnaies se répartissent sur les règnes des rois Charles VI, Henri V (roi de France et d’Angleterre), et Charles VII, avec pour dates extrêmes : 1389-1421/1436.


DOUBLE TOURNOIS

Double tournois de Charles VI. 2e émission, 11 septembre 1389.

L.392 a. Pied 27 e. Titre : 0.199

+ KAROLVS  ⋮ FFRACORV ⋮ REX.

Trois fleurs de lis posées 2 et 1.

MONETA DUPLEX. Croix fleurdelisée.

Les O sont ronds, pas de point d’atelier.

Erreur de graveur, deux F à FRACORV.   


Le trésor fut donc caché pendant la Guerre de Cent Ans, après la reprise des hostilités (1417). Quels furent les mobiles de ménager cette cache ?  Quelqu’un a-t-il voulu confier à la garde de la Providence sa fortune pour la faire échapper aux troubles et aux pillages ? Est-ce une offrande lors de la construction du support de la table d’autel ? Rien ne permet d’élucider pourquoi ce trésor se trouvait là.

Ces monnaies ne sont pas d’une très grande rareté pour les numismates, notamment les « florettes », qui étaient la monnaie courante d’argent.  La plus intéressante est celle de Henri V, officiellement désigné avec la titulature : « roi d’Angleterre, héritier de France. » Son emblème se reconnait : un léopard couronné passant sous une fleur de lys.

Compte tenu de leur usure et de leur médiocre état de conservation, la valeur de ces pièces, aux dires d’un expert, ne dépasserait pas 400 euros.

Depuis l’inventaire fait par Jacqueline Lemière en 1975, ces pièces dormaient dans les réserves de l’Ecomusée de Sainte-Gauburge.

Zoom sur les florettes :

La florette est une monnaie ancienne dite « Gros d’argent » en billon (environ deux grammes de cuivre pour un gramme d’argent), frappée pendant la guerre de Cent Ans, en France sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, en Bretagne sous le règne de Jean V, et en Angleterre sous le règne de Henri V. Son nom vient des trois fleurs de lys représentées sous une couronne (emblèmes royaux) à l’avers.

Ce nom serait à l’origine de l’expression « compter florette » dans un sens moins romantique et plus « comptable » que dans le sens actuel.

La florette valait dix deniers et pesait environ 3 grammes.

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